DERNIER UPPERCUT
à force de frapper dans le bide à force de chasser les coups bas je sens très bien que je me vide de forces qui en face ne manquent pas je campe pourtant bien sur mes gardes je peux cogner une dernière fois peu de chances que cela retarde la cloche qui sonne comme il se doit la cloche qui sonne la fin du round le dernier round est proche pour moi même si je ne sais toujours pas ce qui me pousse à faire ça j’avance vers le ring pas à pas prêt à mener l’ultime combat un dernier uppercut juste avant la chute juste avant de raccrocher les gants mâchoire serrée rage en dedans un dernier uppercut sans trop d’espoirs de lutte juste avant de tomber sur le flanc les yeux fermés une bonne tête de perdant j’essaie la riposte et l’esquive quelques tactiques de combattant toutes ces méthodes sont bien naïves c’est comme se battre contre du vent contre plus grand plus fort que soi comme ça juste sur un coup de tête c’est bien beau de garder la foi à un moment faut que ça s’arrête se voir plonger au fond des cordes ou bien rejoindre le vestiaire même si je ne sais toujours pas ce qui me pousse à faire ça j’avance vers le ring pas à pas prêt à mener l’ultime combat un dernier uppercut juste avant la chute juste avant de raccrocher les gants mâchoire serrée rage en dedans un dernier uppercut sans trop d’espoirs de lutte juste avant de tomber sur le flanc les yeux fermés dans un bain de sang
COURU D’AVANCE
on est vite dépassé démodé rétrogradé en perte de vitesse moins constant et la vue qui baisse bien vite relégué en deuxième partie de soirée débordé quand l’autre en face a déjà terminé c’était couru d’avance pas de chance on a beau tenir la distance ça va plus vite qu’on ne le pense les petits nouveaux la viande fraîche aiment bien vos gros culs les lèchent c’est un très joli spectacle quand pour nous ici c’est la débâcle il n’y a vraiment plus rien à faire alors on choisit de se taire et comme je monte le son envoyez les violons c’était couru d’avance pas de chance on a beau tenir la distance ça va plus vite qu’on ne le pense c’était couru d’avance pas de chance on a beau pousser la cadence on sait que c’était couru d’avance
DES TRACES
passe encore les mots durs sortis en bloc le matin passe aussi les blessures qu’on s’inflige au quotidien tout ça laisse des traces évidemment qui ne s’effacent jamais vraiment et si ça ne casse pas attends ça passe tout juste pour le moment quand la vérité éclate un beau jour de trahison c’est un peu échec et mat en plein coeur de la maison car je n’imagine pas qu’on s’en sorte ou alors peut-être juste en vie mais de toutes façons peu importe je veux seulement que la bataille soit finie tout ça laisse des traces évidemment qui ne s’effacent jamais vraiment et si ça ne casse pas attends ça passe tout juste pour le moment comment ne pas croire qu’on fonce droit dans le mur et est-ce qu’on ne vaut pas mieux que toutes ces conneries ? si ça ne casse pas ça passe encore tout juste et dis moi pour combien de temps ?
LA FIN DE MES NUITS
les nuits sans sommeil tenter de fuir ces mauvaises pensées rien de pire dans ces moments d’éveil que les souvenirs trop lourds à porter tous mes regrets toutes mes hontes tous mes mensonges toutes mes angoisses mes peurs et tout se mélange dans mon crâne comme dans un shaker à idées soudain nerveux j’en ricane je sais pourtant que cela va durer sans doute des heures encore cette nuit à ne plus pouvoir fermer l’oeil jusqu’à la fin de mes nuits tu es là aussi peut-être un peu différent au fond rien de bien méchant je tourne de l’autre côté du lit lentement pour ne pas te réveiller l’insomnie n’offre pas de répit et c’est vain de vouloir la dompter jusqu’à l’usure quand les nerfs lâchent elle s’éclipse alors sans broncher quand au matin vient le repos que mes paupières se sont fermées toutes mes craintes se logent à nouveau sous ma peau cachées comme une petit armée qui attendra un soir très proche pour venir à nouveau m’attaquer jusqu’à la fin de mes nuits tu es là aussi peut-être un peu différent au fond rien de bien méchant rien de bien méchant
DANS UN MOUVEMENT GENERAL DE PANIQUE
c’est le mal de notre époque quand tout le monde peut s’exprimer publiquement et librement sur tout est-ce qu’il existe des gens qui ont encore quelque chose à dire de neuf de sain d’utile quelque chose qui nous fasse tous avancer ? en fait le progrès et la société telle qu’elle est ? pour moi tout ça ne veut plus rien dire car dans un monde où l’on ne crée plus rien en tous cas plus rien de bien à part du stress des convoitises du strass et de la pollution reste une foule en détresse livrée à elle-même sans vrais repères et sans conduite à tenir qui consomme sur-consomme en désordre c’est plus commode où sont nos voeux de résistance ? c’est quoi le mieux ? baisser ou pisser dans son froc ? être hypocrite pour ne pas scier soi-même la branche sur laquelle on est assis tout nous pousse à réagir ainsi quand on aurait juste envie d’ignorer les appels du virement mensuel ne plus vouloir travailler après 17 ans à se faire chier même pas à la moitié très cher payé et on rendra toute la monnaie au centime près alors dans un mouvement général de panique nous voilà parvenus au stade critique il faut tout faire vite quitte à tout faire mal et ce n’est pas le résultat qui compte mais l’action en perpétuelle agitation opposée à l’inertie de nos vies quotidiennes et quoiqu’en pensent les spécialistes des calculs d’évaluation des risques il sera un jour impossible de contenir la révolte qui gronde poussez pas poussez pas poussez pas y’a de la place pour tout le monde dans ce grand merdier là poussez pas poussez pas poussez pas y’a de la place pour tout le monde ici bas
TU ETAIS MON POTE
je pense à nos premiers concerts à paris aux retours silencieux dans ta 4L l’air ahuris aux fêtes délirantes chez tes parents c’est d’ailleurs chez eux que j’ai baisé la première fois toi tu faisais semblant de faire du skate au milieu du salon les deux pieds sur une guitare dont je me sers encore parfois on dansait sur le son de Manchester c’était notre été et personne ne pouvait nous enlever ça je me sentais si fort à côté de toi apparemment pas toi tu n’as jamais très bien retenu la leçon voulu entendre l’amour que te portaient tes proches tes parents tes amis il te fallait celui de cette fille je ne sais même plus son nom tu partais la voir avec ton combi volkswagen et nous on ne savait pas on ignorait qu’on ne te reverrait pas on avait même prévu de s’appeler la semaine prochaine les vacances à Oléron on voyait peu la plage la mer on écoutait des disques et on buvait des verres j’aurais tellement aimé que tout se finisse bien comme dans les films comme dans les scènes de fin comme le dernier morceau d’un bon disque qu’on écoutait sans un mot dans le noir tard chez toi le soir après ça la poignée de main la dernière quand on ne sait pas encore que c’est la dernière personne ne se doutait que ça allait mal finir personne ne l’a vu venir maintenant il n’y a plus rien à dire tu étais mon pote et je voulais te le dire tu étais mon pote tu étais mon pote et je voulais te le dire tu étais mon pote je voulais te dire que tu étais mon pote et que je ne t’oublie pas et qu’il n’y a pas une seule semaine sans que je pense à toi car il ne reste que les vieux souvenirs on ne peut plus en faire de nouveaux toi et moi mais comme le dit si bien Steven Patrick Morrissey il y a une lumière qui ne s’éteint jamais
LE PLUS BEAU DES MOTS
pas besoin de chercher des fois le plus beau des mots c’est toi toi toi toi et encore toi rien d’autre qui ne fasse le poids rien comparé à ça le plus beau des mots c’est toi le plus beau des mots c’est toi
LA TETE A L’ENVERS
ce soir encore ce soir j’ai une drôle d’impression je sens bien que je m’égare mais c’est pour mieux faire chuter la tension et comme la charge est trop lourde à chasser le quotidien autant mettre le feu aux poudres sans savoir si on verra demain la tête à l’envers quoi de mieux pour se plaire que de se perdre en chemin et se retrouver à la fin la tête à l’envers le bonheur sur terre tout tourne autour de nous le monde est plus beau un peu flou tard déjà très tard on goûte à toutes nos passions on se délecte des hasards qu’offrent à des gens comme nous ces hauts lieux de perdition chaque soir la fête est si belle qu’on profite du festin jusqu’aux premières heures du jour qui la veille déjà nous avaient semblé si loin la tête à l’envers quoi de mieux pour se plaire que de se perdre en chemin et se retrouver à la fin la tête à l’envers le bonheur sur terre tout tourne autour de nous le monde est plus beau un peu flou allez vas y c’est pour moi retourne toi ça tourne en général ça finit en tournée générale
AU REVOIR A JAMAIS
pas la peine de sonner de frapper d’appeler pas la peine d’essayer de me voir ces jours-ci je suis très fatigué de tout ça je croyais l’autre fois avoir tout dit déjà tu avais pris sur toi plus d’appels plus de mails ma boite pleine à craquer déconne pas alors qu’est ce que tu attends tu sais tu perds ton temps je crois qu’être distant est la meilleure des choses à faire pour toi et moi à présent il fallait que ça sorte je glisse ce mot sous ta porte je crois qu’on est à peu près comme au moment de se dire au revoir à jamais bien sûr on a vécu de très belles scènes de cul c’était un bon début j’y pense encore souvent c’était très enivrant ça ne l’est plus il y a eu ce moment bref et déconcertant un fortuit accident et tout s’est abîmé sans signe avant-coureur de l’instant non tu ne sauras pas tout pas question que j’avoue dans ma tête de fou j’ai gardé le meilleur de la fin de l’histoire entre nous car si j’écris ces mots devant ta porte si tôt c’est qu’on est à peu près comme au moment de se dire au revoir à jamais far far away forever ever
JE SUIS HEUREUX
inutile de s’épargner et même si c’est pas gagné inutile de se mentir on sait qu’au final c’est pire autant faire front tous les deux tout faire pour que ça aille mieux un jour gris un jour de fête le calme après la tempête les beaux jours nous semblent loin on ne comptait plus les points aujourd’hui c’est difficile on sait l’avenir fragile accroche toi bien à mon cou n’aie pas peur si ça secoue un petit peu ou beaucoup même oui murmure moi que tu m’aimes tu dis qu’on a fait au mieux qu’on s’en remettra qu’on a déjà connu pire je suis heureux de te l’entendre dire mais une fois l’orage passé l’ouragan vite oublié on reprend le quotidien l’amour est là il nous tient la vie ne laisse rien passer elle n’en a jamais assez
mais nous non plus ça tombe bien on garde le cap on lâche rien ensemble il faut s’épauler ne pas trop se reprocher l’usure des semaines qui passent où tout s’accumule tout s’amasse pour former un quotidien oppressant et souverain il aura notre peau mon amour pas aujourd’hui peut-être un jour tu dis qu’on a fait au mieux qu’on s’en remettra qu’on a déjà connu pire je suis heureux de te l’entendre dire tu crois que tout ça est vrai ? je suis perdu dans mes pensées faut pas me chercher mais toi viens me retrouver tu dis qu’on a fait au mieux qu’on s’en remettra qu’on a déjà connu pire je suis heureux de te l’entendre dire dis moi que tout ça est vrai
A QUOI TU PENSES ?
quand tu te réveilles c’est toujours pareil je cherche à croiser ton regard dans le miroir savoir comment était ta soirée hier soir mais rien ne transparaît et sans un temps d’arrêt tu me réponds soudain que c’était très sympa que le garçon au bar n’était pas si beau mec que ça j’ai beau bien te connaître malgré ton éloquence je me demande toujours à quoi tu penses sans doute de la pudeur sûrement de l’élégance je me demande toujours à quoi tu penses quand je suis près de toi même si tu ne compares pas je sais bien que tu as du en croiser des dizaines des plus beaux plus adroits qui ont une vie plus saine je me surprends parfois les soirs où ça ne va pas à me dire que c’est précieux que j’ai beaucoup de chance qu’il faut en profiter tant que dure la danse j’ai beau bien te connaître malgré ton éloquence je me demande toujours à quoi tu penses sans doute de la pudeur sûrement de l’élégance je me demande toujours à quoi tu penses j’ai beau avoir confiance aimer ta bienveillance je ne sais jamais vraiment à quoi tu penses et malgré les promesses malgré les évidences j’aimerais savoir un peu à quoi tu penses
LA MESSE EST DITE
ce ne sont pas mes dernières paroles ces mots n’ont rien d’un testament parce que de toutes les manières l’idée même de la confession m’a toujours dérangé rebuté prier pour qu’on nous pardonne toutes nos saloperies passées tous nos pêchés voilà bien la pire des choses les petits écarts on s’en arrange tous avec notre conscience et pour le reste rien d’autre que la justice des hommes je n’ai jamais demandé à vivre je n’aurai pas le choix de ma mort et entre les deux il y a quoi de passage quelques années sur cette terre je refuse purement et simplement d’être le spectateur de ma propre vie et honnêtement si on pouvait nous délivrer du banal il y a longtemps que ça se saurait c’est ainsi qu’on se sacrifie tous un peu parfois pour quelques échappées lointaines mais dont on revient toujours les sacrifices derniers remparts contre nos vices partout c’est l’heure des grands sermons pour moi c’est bon non merci sans façons pour moi la messe est dite plus besoin qu’elle soit en latin pour me la donner entouré de mes vieux démons je ne vois pas beaucoup d’autres solutions pour moi la messe est dite pas besoin de rester là à regarder les anges pleurer que personne n’ose me parler de jugement dernier car qui peut vraiment croire qu’on va être ainsi jugé revoir toute notre vie comme ça défiler et prétendre qu’on peut la jauger l’évaluer la peser non je n’ai rien d’un saint mais la différence entre lui et moi c’est que moi j’aurai existé je laisse crier au blasphème ceux qui se sentent offensés éteignez tous vos cierges rangez toutes vos bonnes pensées je ne demanderai pas les derniers sacrements pas d’absolution aucun pardon surtout aucune procession même si j’ai parfois sacrément la trouille au ventre rien que de penser que je vais un jour crever sans pouvoir me raccrocher à la plus simple idée de paradis où je n’irais pas quand bien même il existerait finir 6 pieds sous terre au fond d’un trou et puis c’est tout juste essayer que ça se termine le moins mal possible le plus tard possible auprès des miens partout c’est l’heure des grands sermons pour moi c’est bon non merci sans façons pour moi la messe est dite plus besoin qu’elle soit en latin pour me la donner entouré de mes vieux démons je ne vois pas beaucoup d’autres solutions pour moi la messe est dite pas besoin de rester là à regarder les anges pleurer